Les trottinettes électriques en libre-service sont-elles écologiques ?

Dans une démarche pour protéger l’environnement et réduire leur empreinte carbone, de nombreuses villes ont investi dans les trottinettes électriques en libre-service. A peine un an après leur déploiement, les trottinettes électriques ramassent les critiques à propos de leurs émissions de CO2.

Les trottinettes électriques ne se seraient si vertes

Deux études effectuées en 2019 ont servi à démontrer qu’en fin de compte, l’utilisation des trottinettes électriques en libre-service dans les grandes villes comme Paris n’est pas si écologique. C’est entre 2017 et 2018 que les trottinettes électriques ont commencé à envahir les villes de l’hexagone. Selon une étude menée par deux chercheuses, Anne de Bortoli et Zoi Christorofou, les trottinettes électriques en free floating ont un bilan carbone pas très positif.

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D’après, l’étude de ces deux chercheuses, les trottinettes électriques en libre-service de Paris ont émis 13 000 tonnes de CO2 sur l’ensemble de l’année 2019. Cette quantité énorme d’émissions serait l’équivalent des émissions de 16 000 Français. Une autre étude, menée par des chercheurs de l’université de Caroline du Nord, dresse à peu près le même bilan. D’après leurs études, une trottinette électrique émettrait un peu plus de 200 g de CO2 par utilisateur et par mile parcouru.

Les trottinettes électriques vs transports en commun

Le but de l’utilisation des trottinettes électriques en libre-service est de réduire le bilan carbone des villes. Si les trottinettes semblaient prometteuses au début, il s’avère finalement qu’elles ne font pas mieux que les moyens de transport en commun. Une trottinette émettrait 202 g de CO2 par passager pour 1.6 km de trajet. Un bus n’en émettrait que 82 g seulement. Le résultat de l’étude menée par les deux chercheuses Grecque pour sur les trottinettes de Paris n’en est pas loin.

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D’après leurs études, les usagers de ces trottinettes les utilisent en remplacement du métro et du RER. Cependant, en termes d’émissions carbone, le métro et le RER figurent parmi les moyens de transport les moins polluants. Pour comparer, les chercheuses ont expliqué que là où une trottinette émet 109g de CO2 au km, le métro et le RER émettent respectivement 8 et 10 g. Le vélo quant à lui n’émettrait que 15 g de CO2 pour 1 km parcouru.

Extractions des matières premières très coûteuses à l’environnement

Le bilan carbone des trottinettes électriques en libre-service a lancé les polémiques. Les émissions de dioxyde de carbone ne seraient pas l’unique problème de ce moyen de déplacement en ville. Les études avancent également que même la batterie utilisée pour les trottinettes pose problème. Il s’agit de batteries au lithium et selon les études, l’extraction du lithium qui est une ressource naturelle est extrêmement énergivore.

Il en est de même pour le métal principalement utilisé pour la fabrication de ces trottinettes. Néanmoins, l’extraction de l’aluminium et/ou du lithium ne constitue pas l’unique problème. Effectivement, la fabrication de ces engins ainsi que leur transport coûteraient également chères à l’environnement. Il est utile de noter que les pièces de ces trottinettes électriques sont fabriquées en Chine d’où elles doivent être transportées.

En parlant de transport des trottinettes électriques, il ne faut pas non plus oublier que ces engins doivent être rechargés. Pour ce faire, elles sont récupérées par les juicers pour être rechargées et être prêtes à rouler le lendemain. D’après le constat des deux chercheuses, les juicers se déplaceraient à bord de camionnettes qui polluent pour la récupération des trottinettes électriques le soir. Ce qui en rajoute donc à l’empreinte carbone de ces engins.

La durée de vie des trottinettes électriques laisse à désirer

Les résultats des études effectuées sur les trottinettes électriques ont également montré que ces engins ont une durée de vie très limitée. Il y a deux explications à cette durée de vie limitée des trottinettes électriques. D’un côté, il y a la qualité médiocre des matériaux utilisés pour leur fabrication. D’un autre côté, il y a également la façon dont les usagers traitent ces engins, sans compter les actes de pur vandalisme.

La durée de vie des trottinettes peut être une vraie catastrophe. Si une trottinette électrique a une durée de vie moyenne de 1 à 3 ans en utilisation normale, celles en libre-service rendraient l’âme bien plus vite. Une étude effectuée à Louisville, dans le Kentucky, aux Etats-Unis a démontré que la durée de vie d’une trottinette électrique peut être réduite à moins d’un mois. La solution est d’opter pour des matériaux plus solides et de récupérer le plus de pièces réutilisables possibles.

Les trottinettes électriques sont-elles à bannir ?

D’après les résultats de ces recherches datant de 2019, les trottinettes en libre-service ne seraient donc pas écologiques. Outre les émissions de gaz à effet de serre, il y a également le fait que les trottinettes ne constituent pas une solution durable. Le renouvellement du parc de trottinettes électriques dans les villes va coûter de l’argent.

Pourtant, les trottinettes électriques ne seraient pas totalement à exclure, mais sous certaines conditions. Effectivement, d’après les recherches des chercheuses Anne de Bortoli et Zoi Christorofou, les trottinettes peuvent être plus ou moins intéressantes dans les villes où elles remplaceront plus les voitures que le métro et le RER.

L’impact des trottinettes électriques sur la sécurité routière et l’environnement urbain

Mais au-delà de l’aspect écologique, les trottinettes électriques posent aussi des problèmes en termes de sécurité.

Effectivement, leur utilisation peut être dangereuse non seulement pour les utilisateurs eux-mêmes, mais aussi pour les piétons et les conducteurs. De nombreuses villes ont ainsi vu se multiplier des accidents impliquant des trottinettes électriques.

Ces modes de transport individuels ont tendance à favoriser l’individualisme urbain et la privatisation de l’espace public. Les rues sont déjà surchargées par le trafic automobile : ajouter celui que génèrent les engins motorisés qui circulent sur le trottoir n’est pas sans conséquence. Cela pose une question de partage équitable entre tous ceux qui fréquentent la ville.

Le développement du parcours d’une ville doit prendre en compte notamment la sécurité routière, l’environnement sonore ou encore visuel. Il faut penser aux aménagements urbains nécessaires pour fluidifier un nouveau mode de circulation (pistes cyclables…). Leur généralisation ne doit pas mettre en danger la sécurité routière ni porter atteinte à l’intérêt général. La réglementation doit assurer que toutes ces questions soient prises en compte dans le déploiement des nouveaux services tels que ceux proposés ces dernières années avec la montée fulgurante des moyens innovants comme les trottinettes électriques. Dans ce sens, il est primordial de proposer de nouvelles options aux usagers de toutes sortes.

Les alternatives aux trottinettes électriques en libre-service pour un transport éco-responsable

Face aux problèmes environnementaux et de sécurité liés à l’utilisation des trottinettes électriques, il est légitime de se demander quelles sont les alternatives possibles pour un transport éco-responsable.

D’abord, il y a la marche à pied ou le vélo. Ces modes de déplacement ont plusieurs avantages : ils ne polluent pas, favorisent la santé physique en pratiquant une activité sportive régulière, renforcent le lien social et permettent d’admirer tranquillement les paysages urbains.

On peut opter pour les transports en commun tels que les bus ou les métros. Ils sont moins coûteux qu’une voiture personnelle et souvent plus rapides grâce aux voies réservées. Toutefois, ils peuvent être bondés aux heures de pointe et leur fréquence peut varier selon l’heure du jour.

De même, on peut aussi envisager le covoiturage qui permet non seulement d’économiser sur ses dépenses mais aussi contribue à réduire l’émission des gaz polluants dans l’environnement tout en faisant connaissance avec son entourage et en appréciant mieux sa ville.

Il existe désormais des solutions innovantes telles que le skateboard électrique ou encore la gyroroue qui offrent aussi une alternative écologique au transport individuel motorisé classique. Même si ces modes de déplacements alternatifs restent marginaux comparés aux moyens existants actuellement comme celui proposé par Lime avec leurs trottinettes électriques.

Nous pouvons dire qu’il est plus que temps de changer nos habitudes et de considérer ces alternatives comme des solutions viables pour un avenir éco-responsable. Nous devons prendre conscience que chaque geste compte et que c’est en multipliant les bonnes pratiques à l’échelle individuelle, collective et gouvernementale que nous parviendrons à préserver notre planète tout en répondant aux besoins croissants de mobilité urbaine.

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